Les enjeux du rail européen
Enjeux du rail européen

Les enjeux du rail européen

Levier majeur d’une politique en faveur du climat, le rail n’a jamais été autant au cœur des débats. L’Europe dispose d’un maillage très développé mais sous utilisé et de nombreux challenges restent à relever pour en faire une véritable alternative aux autres moyens de transport.  Explications sur les enjeux du rail européen. 

Pourquoi le rail européen est si complexe ?

Tout simplement car le rail européen est un pur produit local. Il s’est développé de manière différente dans les pays où il est présent en fonction de critères multiples comme la géographie, le maillage, les habitudes et culture locales, la part de l’Etat dans son exploitation… Utilisé majoritairement pour des déplacements domestiques et/ou trajets courts, le besoin d’harmonisation de l’offre ou de la distribution entre les acteurs ne s’est jamais réellement fait sentir ; chacun a continué à se développer individuellement pour répondre aux besoins locaux.  

Hors des modifications structurelles importantes en Europe initiées dans les années 90, sont venus bouleverser cet état de fait, notamment : 

  • La création d’un espace européen avec une volonté d’harmonisation
  • Le développement des lignes à grande vitesse et la modernisation des infrastructures et voitures
  • L’accroissement de la mobilité avec une envie de plus de praticité et de confort pour les voyageurs (centre-ville à centre-ville) 
  • Un besoin des entreprises – et des Etats de manière générale – de réduire leur empreinte carbone
  • Un nombre grandissant d’acteurs grâce à l’ouverture à la concurrence

L’heure de la remise en question

L’émergence de ces nouveaux besoins a  mené les acteurs à se poser des questions sur leur modèle et à essayer de trouver des synergies. On a vu dès lors apparaître des initiatives de cross selling (un acteur en distribue un autre) ou encore l’arrivée d’agrégateurs dédiés au rail comme Trainline. Il reste toutefois une énorme étape à franchir pour arriver à un modèle aussi structuré que celui de l’aérien par exemple et, ce, à différents niveaux :

  • Pas de canal de distribution unique : les agences de voyages sont souvent obligées de sortir de leur environnement pour pouvoir faire des réservations
  • Pas d’intégration native dans les OBT : chaque éditeur devra développer ses propres liens directs ou se reposer sur un agrégateur mais toujours avec des limitations techniques impactant l’expérience utilisateur
  • Des offres/catégories de tarifs pas toujours facilement accessibles (exemple en FR des ouigo ou des tarifs régionaux)
  • Initialement pas de norme concernant la taille des rails, augmentant la difficulté de passage d’un pays à l’autre 
  • Pas de standard e-ticketing (certains tarifs ne sont pas éligibles, une récupération du billet papier est obligatoire) 
  • Pas d’harmonisation concernant les moyens de paiements supportés (le paiement centralisé n’étant pas la norme)
  • Encore des difficultés pour les acteurs du ferroviaires à pénétrer certains marchés monopolistiques

Il y a t-il une fatalité ? 

Certes, il y a encore du travail mais de l’avis de Trainline et des spécialistes du secteur de manière générale tend vers le même constat : « tout concourt à ce que le train connaisse une augmentation de fréquentation ». La décarbonisation et l’atteinte des objectifs climatiques sont des enjeux majeurs de l’Union Européenne et la bascule vers le transport ferroviaire en est un des leviers. Preuve en est, 2021 a été désignée comme l’année européenne du rail.

La mise en œuvre des différents paquets ferroviaires, l’ensemble des directives européennes encadrant le rail et l’amélioration de l’interopérabilité des systèmes nationaux vont donc s’accroître dans les années à venir.

Et les entreprises dans tout ça ? 

Elles ont entendu le message. Également très challengées sur leur gestion de la RSE, elles commencent à réviser leurs politiques voyages en imposant le rail sur certaines destinations et/ou dès lors qu’une alternative ferroviaire acceptable est possible. Côté prix, la forte taxation de l’aérien, couplée aux nouvelles réglementations en termes de biocarburants, confère au train un avantage compétitif.

En pratique, il faut toutefois que cela s’inscrive dans une logique cohérente. Pousser le rail, oui, mais pas au détriment du service au voyageur ou de la fluidité de son parcours. Il ne faut pas oublier non plus les besoins de contrôle, de reporting ou encore de centralisation des paiements qui sont encore partiellement couverts par les acteurs du ferroviaire. Ces derniers devront donc s’attaquer à tous ces sujets pour répondre aux problématiques des entreprises et être envisagés comme une réelle alternative face autres moyens de transport.

 

Kathleen STILMANT
Expert